Voilà bien longtemps que ce bout de mon passé résonne dans ma tête.
Il me semble loin ce temps où j'étais cette gamine mal dans sa peau, qui était sensible aux remarques.
J'ai été victime de harcèlement scolaire, oui.
Et parfois, j'ai l'impression que dans un univers parallèle, je le suis encore.
Est-ce l'impact de mes souvenirs traumatiques ? OUI, absolument.
Quelque part au fond de ma tête résonne encore LEURS voix et résonne encore mes pensées de l'époque. Pensées entourées de noir.
J'aimerais vous dire qu'on oublie et qu'on passe à autre chose.
On passe à autre chose oui mais on oublie. Et je reste persuadée que quelque part, encore une fois, on continue de vivre tout ça.
Est-ce un moyen pour le cerveau d'enregistrer, d'analyser, de comprendre et tirer des conclusions de cette situation ?
Est-ce un moyen de survie, une vaine tentative de se blinder afin que jamais ces souvenirs nous prennent par surprise en nous faisant trébucher ? Peut-être.
14 ans après et 2 ans après la mort d'un de mes harceleurs, je ne me sens toujours pas en paix.
Si j'ai ressenti un certain soulagement en apprenant son décès ? oui, d'une manière totalement honteuse. Soulagée à l'idée de ne plus JAMAIS le croiser. Soulagée à l'idée que je ne devrais pas refaire face aux souvenirs qui vont avec lui.
Oui, hélas ou heureusement, je n'oublie pas cette violence qui a ravagé mon âme, mon corps et bousculé ma vie.
Ce n'est pas le genre de situation qui bouscule d'une manière agréable votre vie, on est loin des comtes de fée.
Parfois, avec le recul, je me demande ce qui m'a le plus "perturbé". Le harcèlement en lui même ou la lamentable défaillance des personnes qui étaient censées me protéger.
Alors ce rappel à mon "bon" souvenir les propos tout aussi pathétique que le personnage ayant pour titre "principal". Des propos faisant un magnifique combo du sacro saint angélisme qu'on les adultes envers les enfants et une culpabilisation suintante de dégoût envers ma "chance".
Je me revois, adolescente de 14 ans, caché derrière des vêtements informes dans le bureau de ce "petit" monsieur, comprenez que l'adjectif ne définit nullement sa taille mais plutôt sa "personnalité", m'entendre dire que j'étais loin de mesurer la chance que j'avais d'être née dans une famille unie où papa et maman ont un boulot, sont "confortables" financièrement quand les pauvres "chéris" étaient de parent divorcé, une vie décousu, mêlant abandon, rejet, non-dits, alcoolisme, violences familiales.
Compte tenue de ma chance et du malheur de mes agresseurs, je me devais de souffrir en silence et si je voulais mourir, encore aurait-il fallut que je le fasse sans que cela ne fasse de vague pour l'établissement.
Bien. Mais je n'avais rien demandé, certainement pas d'être le souffre douleur de quelques personnalités limites.
Non, moi je voulais devenir institutrice, vivre dans un énorme appartement avec mes meilleures amies de l'époque.
J'étais une adolescente discrète, dans la moyenne, calme, jamais eut de soucis avec qui que ce soit, les professeurs avaient toujours des choses agréables à dire à mes parents.
Alors à l'époque, j'avais émis l'idée qu'ils étaient certainement aussi malsain en plus d'être perturbé. Avec tout son "pseudo savoir", il a eut le culot d'être choqué par ma théorique (qui au final était plus un diagnostique ah ah ah), il m'a alors expliqué que non ils ne sont pas mauvais, aucun enfant/adolescent ne l'est par définition, ni par action du coup.
Pour être totalement franche avec vous, ce genre de discours ne passe absolument pas auprès de moi, même des années après.
J'ai été victime de harcèlement scolaire et d'une incompétence chronique lié principalement à cette angélisme à vomir concernant les bambins.
Double victime.
Mais, parce qu'il y a TOUJOURS un mais, je ne regrette rien.
Ce traumatisme m'a rendu plus forte sur pas mal de domaine.
J'ai eu la chance de pouvoir poursuivre des études qui m'ont énormément épanouies, de me faire des amies, des amis, de construire une belle carrière professionnelle, d'avoir ma famille soudé autour de moi, de faire des rencontres magnifiques.
Je suis devenue une femme forte et fière.
Et je ne me laisse pas facilement impressionner :)
J'ai été victime de harcèlement scolaire mais j'ai survécu. J'ai connu la consécration dans pas mal de domaine de ma vie.
Maintenant, je pense aux voyages, à la prochaine sortie avec mes amies, dans quel restaurant allons-nous nous réunir pour fêter l'achat d'une maison d'une amie ?
Est-ce que j'ai mis toutes les pièces dans le dossier ?
Mince, où sont encore passées mes clefs ?
Toutes ces questions si banales, si anodines et si ennuyeuses aux yeux de beaucoup, elles sont à mes yeux le signe d'une vie "normale" malgré le traumatisme, malgré les conséquences qui en sont découlé...
Avant, mes souvenirs stressants, guidaient ma vie, occupaient 98% de mon esprit.
Aujourd'hui, toutes les peurs sont sous contrôle au fond de mon esprit.
Bien évidemment qu'on ne change pas.
Il y aura toujours cette gamine affolée dans mon esprit. Un fantôme du passé en quelque sorte.
Cette adolescente victime reste dans ma chair, dans mon âme car sans sa persévérance, je ne serais pas là où je suis désormais.
Elle me rappelle que de la terreur est née une source de force infini.
J'avance. J'avance pour apprendre à vivre avec tout ça sans jamais rien oublier mais sans jamais que cela ne me paralyse.
J'ai avancée grâce à ce blog, grâce à vous, grâce au groupe facebook.
Vous faites partie de ma réussite et vous en êtes certainement la plus belle.
N'oubliez jamais de triompher <3
